Le modèle de Holt (3) permet de calculer le nombre d’années de surcroissance d’un titre par rapport au marché ou d’un marché par rapport à un autre en fonction des taux différentiels de croissance des résultats, de taux de rendement et de PER. Selon le taux de croissance chinois attendu, ce nombre d’années est de :
en considérant que les BPA en Europe devraient croître de 6 % / an en moyenne à l’avenir. Quand on sait que le PIB par habitant chinois 2006 était de 1 588 $ contre 36 500 $ en France, un taux de croissance de l’économie chinoise de 10 % / an en volume contre 2,5 % en France, fait que le niveau de vie chinois n’aura rattrapé le notre qu’en 2050, soit dans 43 années. 43 ans c’est beaucoup, et cela laisse la place à bien des crises, mais cela fait déjà 30 ans que l’économie chinoise croît à 10 % / an.
Autrement dit, se fonder uniquement sur un PER largement supérieur à celui de l’Europe pour dire que les actions chinoise sont surévaluées nous parait léger car les perspectives de croissance de cette économie peuvent tout à fait justifier ces niveaux de PER.
Cependant, toutes les sociétés en forte croissance ne méritent pas pour autant un PER élevé. En effet, si cette croissance est non rentable, c'est-à-dire si le taux de rentabilité dégagé par l’entreprise est inférieur à son coût du capital, il n’y a aucune raison d’acheter l’action sur la base d’un multiple élevé. A l’extrême, même une croissance de 30 % par an, une société qui gagne un taux de rentabilité économique de 6 % après impôt alors que le coût du capital est de 10 %, sans espoir d’amélioration, a une valeur au mieux nulle, voir par exemple certaines sociétés du secteur des jeux vidéo ou d’Internet il y a quelques années.
Certes, il serait excessif de penser qu’une société qui ne gagne pas actuellement son coût du capital ne peut pas le gagner dans le futur. Mais dans ce cas, cette destruction de valeur temporaire, les premières années le plus souvent, a naturellement un impact négatif sur le PER.
Il convient donc d’analyser les niveaux actuels de valorisation en Chine à l’aune de la rentabilité dégagée par les entreprises chinoises comparée à l’exigence de rentabilité des actionnaires. A cet effet, nous avons actualisé l’analyse financière des entreprises chinoise (4) que nous avions réalisée début 2007, en intégrant les données 2006 grâce à des comptes fournis par Infinancials et nous en donnons les résultats dans la seconde partie de cet article.
Le constat n’a pas beaucoup évolué en un an : il y a toujours un hiatus considérable entre d’une coté un PBR moyen de 4,9 (les capitaux propres des entreprises chinoises cotées valant 4,9 fois les fonds apportés par les actionnaires) et de l’autre une rentabilité économique moyenne après impôt de 8,5 % contre un coût du capital (en yuans) de l’ordre de 10 %. Au contraire, le fossé s’est creusé puisque l’an passé le PBR « n’était » que de 2,3.